Dhrupad
Le Dhrupad est la forme la plus ancienne de la musique classique indienne qui ait survécu jusqu’à aujourd’hui (beaucoup de formes se sont perdues).
Un peu d’histoire…
Le moment de la naissance du Dhrupad n’est pas clairement situé. On date habituellement son origine au 14ème siècle après J-C.
Avant la dénomination Dhrupad, on parlait de Prabandh. Dans la musique sacrée de l’Inde médiévale, toutes les compositions étaient désignées sous le terme générique de Prabandh, dont il existait des centaines de formes. Le Dhrupad descendrait d’une de ces formes appelée « Saalag Sood Prabandh ».
C’est au 15ème siècle, sous l’influence du roi Raja Man Singh Tomar que le Dhrupad devint populaire.
Sous l’empire moghole, le Dhrupad subit une évolution et donna naissance au style Khyaal au 18ème siècle. Cette nouvelle forme de musique, moderne et volubile, n’était plus destinée à célébrer les Dieux mais les Empereurs.
Musique du Nord et Musique du Sud
Aux 12ème et 13ème siècles, l’Inde du Nord connaît les invasions musulmanes d’Asie mineure (Afghans et Turcs). La musique devient alors très influencée par les styles persans et arabes, et prend le nom de musique hindoustanie (par opposition à la musique carnatique – du Sud)
Avant le 12ème siècle, les musiques du Nord et du Sud se développent en commun. On dit qu’elles sont nées des Sama-Veda (un recueil de chants rituels constitué de textes sacrés en sanskrit dont l’origine remonte au 15ème siècle avant J-C).
Il existait une pluralité de styles – qu’on nomme « Gitti » – de récitation et chant de ces textes issus du Sama-Veda; une des différences fondamentales de la musique du Sud et du Nord viendrait d’une tradition différente de Gitti (dans l’ornementation, l’accentuation, le débit des textes récités/chantés).
Caractéristiques du Dhrupad
En musique Dhrupad (qui, soit dit en passant, est improvisée comme toute tradition musicale classique indienne) la matière-son – sa texture, sa résonance, l’espace dans lequel elle s’étire et s’amplifie – est au cœur du discours du musicien.
De ce fait, le développement du propos musical est lent et très progressif. Le mouvement d’un son à l’autre est subtil, et exige à la fois une grande délicatesse et une grande présence à l’instant.
Les éléments constitutifs d’un concert de Dhrupad
Comme dans la plupart des genres de la musique classique indienne, le concert de Dhrupad est assuré par un musicien soliste (chanteur ou instrumentiste), accompagné par la Tampura (instrument bourdon). Toute la musique est improvisée, structurée par les éléments fondamentaux du « Raga » (pour simplifier = mode) choisi.
On distingue deux parties essentielles dans le concert Dhrupad :
- L’Alaap
Une des singularités du genre Dhrupad est sa longue élaboration de l’Alaap.
La présentation du Raga poursuit un développement mélodique très lent. Puis une pulsation stable apparaît dans l’Alaap, c’est la phase appelée Jor. Le tempo accélère ensuite de façon significative, et l’aspect rythmique prend le pas sur la mélodie, c’est la phase appelée Jhala.
- La Composition
L’apogée d’un concert de Dhrupad est la Composition, où intervient alors la percussion (le Pakhawaj).
La Composition est une mélodie fixe, dans le même Raga présenté initialement au cours de l’Alaap, et qui contient en général deux sections (Sthaayi et Antara), suivant un cycle rythmique particulier (Tala).
On utilise communément dans la musique Dhrupad les Talas suivants : Choutala (12 temps), Dhamara (14 temps), Jhaptala (10 temps), Sultala (10 temps) et Tivra (7 temps).
Le musicien improvise sur le cycle rythmique, et la mélodie de la Composition vient ponctuer le discours musical comme une ritournelle.